Ils ne vieillissent pas ..!

L’être humain, comme beaucoup d’autres animaux sur terre, subit le phénomène de vieillissement. Mais en est-il de même pour tous les organismes aquatiques ? Nous allons vous présenter aujourd’hui deux animaux marins assez exceptionnels chez qui la notion de temps reste assez relative.

Une méduse qui remonte dans le temps !

Et s’il était possible de rajeunir ? cette phrase fait rêver mais il faut se rendre à l’évidence, cela est impossible pour l’homme. Et qu’en est-il pour la méduse Turritopsis nutricula ?

Cette toute petite méduse ne mesurant pas plus de 5mm a de quoi nous faire envier. Elle pourrait passer inaperçu mais pourtant des chercheurs ont fait une découverte surprenante : cette méduse, une fois adulte, peut interrompre son développement et retourner à sa forme juvénile, elle peut donc rajeunir.

méduse taringa.net
Turritopsis nutricula ©taringa.net

La méduse dérivant au grès des courants qu’on a déjà observé au moins une fois ne reflète en réalité qu’une partie de sa vie. Le développement d’une méduse se fait en plusieurs étapes, d’abord une cellule œuf va se changer en larve avant de se fixer sur un support et devenir un polype qui par la suite va se fragmenter en plusieurs méduses non-fixées qui vont grandir et produire des gamètes qui par la suite vont fusionner pour donner un cellule œuf et ainsi de suite.

Mais une fois ce dernier stade atteint, Turritopsis nutricula au lieu de mourir peut tout simplement, via un casse-tête cellulaire encore aujourd’hui mal connu, repasser au stade de larve pour donner un polype et ainsi répéter la boucle. Cette méduse serait alors biologiquement immortelle bien que cela ne l’empêche pas de tomber malade ou d’éviter les prédateurs. De plus selon certains chercheurs se rajeunissement pourrait s’apparenter au phénomène de métamorphose, qui pourrait se définir par un changement de forme, de nature ou d’individualité d’un être. Donc finalement on peut se demander si la méduse rajeunit est vraiment le même animal qu’au départ ?

L’éternelle jeunesse du homard

homard

Le homard est souvent associé à un bon repas alors qu’il s’agit d’un animal possédant des capacités tout à fait fascinantes. En effet cet animal ne vieillit pas. Mais d’abord, qu’est-ce que le vieillissement ?

Un peu de science,

Prenons l’exemple de l’homme. Nous sommes tous fait d’organes et de tissus constitués de cellules qui vont être amenés à se renouveler grâce à la division cellulaire ou également appelée mitose. Mais la mitose a un prix car chaque fois que la cellule va se diviser, un bout de l’extrémité du chromosome1 est perdu.  Heureusement, cette partie terminale du chromosome, appelée télomère, ne contient aucune d’information génétique, ainsi même si une fraction de ce télomère est perdue, l’information génétique est conservée. A long terme cependant, à force de divisions, les télomères finissent par devenir trop courts. Un signal est alors envoyé à la cellule pour qu’elle arrête définitivement ses divisions, sous peine de perdre des informations génétiques essentielles. Les cellules parvenues à cet état sont dites en sénescence et, telle une machine, elles vont finir par s’user peu à peu et mourir sans se renouveler et ce pour chaque cellule du corps humain : c’est le vieillissement !

Ainsi ce qui fait du homard un organisme si exceptionnelle c’est qu’il va produire tout au long de sa vie une enzyme, appelée télomérase, capable de restaurer les parties perdues aux extrémités des chromosomes et ainsi stopper leurs érosions au fil du temps. Les cellules n’auront alors plus de « fin de vie » et le homard sera un organisme ne vieillissant presque pas. Cependant la réalité est beaucoup plus compliquée car jeunesse éternelle n’est pas synonyme de vie éternelle. En effet, le homard est un animal qui grandit tout au long de sa vie par le phénomène de mue. C’est-à-dire qu’une fois sa carapace devenue trop petite pour lui, le homard en sort pour en développer une plus grande, et ainsi de suite. Mais la mue demande beaucoup d’énergie et plus la carapace est grande, plus l’effort fournit par le homard pour en sortir sera important. Ainsi, cette situation devient inévitablement critique lorsque le homard devenu trop imposant avec l’âge n’aura tout simplement plus la force de muer. L’animal est donc condamné à rester enfermé dans une carapace devenue trop petite pour lui et développe ainsi des maladies qui lui seront inévitablement fatal.

Le homard meurt donc avec l’âge mais sans réellement vieillir, il n’est donc pas biologiquement immortel mais reste tout de même un organisme formidable pouvant vivre beaucoup plus longtemps que nous ne le ferons jamais.

Le monde marin n’a pas fini de nous surprendre !

 

1A l’intérieur de chaque cellule se trouve de l’ADN qui, avant chaque division, se condense en chromosome.

A la prochaine pour un ZOOM sur les Abysses

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