Pour ce deuxième article, nous allons parler du phytoplancton toxique !
Les algues planctoniques produisent une grande partie de l’oxygène de notre planète et constituent le premier maillon de la chaîne alimentaire marine (voir article zoom : le plancton). Elles sont donc indispensables aux écosystèmes marins et représentent une ressource précieuse pour l’homme. Mais depuis quelques années, on entend plus fréquemment parler de proliférations de micro-algues toxiques, également appelées HABs, contaminant les écosystèmes côtiers mais également l’homme. Mais qui sont-elles ? Que peuvent-elles nous provoquer ? et comment les éviter ?
Qu’est-ce que les HABs ?
Il est connu que sous certaines conditions, certaines espèces d’algues, partout dans le monde, peuvent proliférer jusqu’à en devenir nuisibles : ce sont les HABs ou Harmful Algal Bloom. Toutefois, les causes, les mécanismes et le taux de toxicités de ces efflorescences restent un peu moins compris. En proliférant ainsi, ces algues peuvent provoquer diverses nuisances comme la perturbation de la chaine alimentaire, la destruction des branchies des poissons, ou encore la formation de « dead-zone » (zone morte) à faible teneur en oxygène après la dégradation de l’efflorescence. Mais certaines espèces produisent de puissantes toxines pouvant persister dans l’eau ou contaminer le réseau trophique, entraînant des maladies ou la mort d’animaux. En effet, ces phycotoxines leurs permettent en temps normal de se défendre contre les prédateurs ou bien entre-autre de dissuader les compétiteurs. Mais lors de fortes concentrations de ces micro-algues, ce moyen de défense se révèle beaucoup trop efficace et peut ainsi entraîner des effets néfastes pour les écosystèmes marins et provoquer de graves troubles chez l’humain. Ces toxines peuvent être libérées dans l’eau. Elles deviennent donc directement nocives pour la faune par contact, ou inhalation/aspiration telle que l’espèce Gymnodinium nagasakiense.

Mais elles peuvent également rester emprisonnées dans les cellules des micro-algues qui sont alors consommées et accumulées par des animaux filtreurs. Alors qu’ils ne sont en rien affectés, ces coquillages deviennent toxiques pour leurs consommateurs. On parle alors d’espèce comme Alexandrium, dinophysis ou Pseudo-nitzschia.
Quels effets ont t’elles sur l’homme ?
Il existe une diversité de phycotoxines selon les espèces qui peuvent être neurologiques, hépatiques, gastriques ou encore dermatologiques et leur toxicité varie selon l’espèce de coquillage contaminée, certaines se contaminant ou se décontaminant plus vite que d’autres.

La plupart des espèces ne sont toxiques qu’à fortes concentrations. Mais d’autres, comme Dinophysis, sont toxiques à faible dose dans l’eau. Il s’agit d’un dinoflagellé régulièrement observé sur le littoral français produisant des toxines diarrhéiques, également appelées DSP pour Diarrheic Shellfish Poison. La présence de Dinophysis dans le milieu, même à faible concentration, entraîne presque systématiquement la présence de toxines dans les coquillages pouvant être plus ou moins dangereux. Lors d’épisodes toxiques, les moules se contaminent rapidement et sont généralement les coquillages les plus chargés en en toxines. Mais d’autres coquillages sont également concernés comme les palourdes, les coques, les huîtres, etc….

Toujours parmi les dinoflagellés, deux espèces d’Alexandrium, sont connues pour produire des toxines paralysantes, ou PSP pour Paralytic Shellfish Poison : Alexandrium minutum et Alexandrium tamaresense. Ces toxines, toujours actives même après cuisson, provoquent une intoxication dont les effets apparaissent très rapidement (en moins de trente minutes). En cas de faible intoxication, les symptômes sont des fourmillements aux extrémités et autour des lèvres, des vertiges, des nausées, une augmentation du pouls, et une diminution de la motricité. Si l’intoxication est plus forte, une paralysie et des troubles respiratoires apparaissent, pouvant entraîner la mort. Ces espèces sont également connues pour colorer les eaux en rouge lors de fortes concentrations.

Chez les diatomées, deux espèces de Pseudo-nitzschia produisent des toxines amnésiantes, ou ASP pour Amnesic Shellfish Poison, parfois mortelles : Pseudo-nitzschia pseudodelicatissima et Pseudo-nitzschia multiseries. Des proliférations de Pseudo-nitzschia sont régulièrement observées, en particulier au printemps, sur le littoral français avec des concentrations souvent importantes allant de plusieurs centaines de milliers voire plus d’un million de cellules par litre. Selon les connaissances actuelles, la concentration minimale susceptible de conduire à une accumulation de toxines dans les coquillages serait de l’ordre de 100 000 cellules/litre. Ainsi, si la concentration dépasse ce seuil, des analyses sur les coquillages sont réalisées.
Comment éviter les intoxications ?
Ces toxines sont peu connues des mangeurs de fruits de mer et on associe rapidement un mal de ventre à un coquillage pas frais. Or ces problèmes sanitaires sont très sérieux et il est important de se renseigner régulièrement sur la qualité des eaux de nos plages avant toutes activités de pêche. Ainsi vous pouvez vous renseigner auprès de vos mairies, ou bien sur des sites comme www.pecheapied-responsable.fr
© Les images utilisées proviennent de la galerie de photos Phenomer
A la semaine prochaine pour un nouvel article, ZOOM sur La notion de vieillissement vu par des animaux marins